L’INTUITION
« Le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don ». A. Einstein
Dès le début du roman, Baptiste sera assailli de questions auxquelles il ne pourra trouver de réponses par la réflexion ou en utilisant ses 5 sens. Progressivement, il va apprendre à lâcher prise et à porter plus d’attention à son intuition.
Cette faculté, selon Carl Gustav JUNG, docteur et psychanalyste suisse, présente dans chacun de nous, est « normale, naturelle et nécessaire ». Elle est une « perception via l’inconscient ». C’est elle qui va permettre à Baptiste tout au long du roman de trouver des pistes propres à le faire avancer dans ses recherches, car, toujours selon JUNG, l’intuition sert à « glaner de l’information » de manière non conventionnelle.
COÏNCIDENCES ou SYNCHRONICITES ?
Un des moyens les plus directs pour développer et affiner notre intuition, c’est d’être réceptif aux coïncidences. Qui n’a pas vécu un jour des coïncidences qui « arrivent à point nommé ! », appelées « synchronicités » par JUNG.
Ces phénomènes synchronistiques se comportent comme des hasards remplis de sens. Car en effet, synchronicité ne veut pas dire « en même temps » mais « avec le même sens ». Il s’agit en fait de coïncidences significatives où l’espace et le temps apparaissent comme des grandeurs relatives. Jung y voit une forme de réponse de l’Univers à un besoin exprimé consciemment ou inconsciemment par une personne et venant transcender l’espace et le temps.
Jung a été l’un des tout premiers à avoir formulé la notion de synchronicité. Tout commence un bel après-midi de l’été 1944. Alors qu’il se promenait dans une forêt avec un ami, perdu dans ses pensées, Jung se pose une question : « La guerre allait-elle bientôt prendre fin ? » À peine a-t-il formulé cette pensée qu’une colombe blanche s’envole devant lui de la gauche vers la droite (gauche en latin se dit ‘sinistra’, le ‘sinistre’, le ‘côté sombre’. De mauvais augure. Droit. Droiture. Un homme droit). La colombe blanche, symbole de la paix, quitte le côté sombre pour aller vers la droiture.
Jung se tourne vers son ami et l’interpelle. Mais son ami, occupé à d’autres pensées, ne peut pas faire le rapprochement. JUNG y voit un signe (non pas un cygne ;-), mais une colombe), une forme de réponse de l’Univers à un besoin exprimé consciemment ou inconsciemment par une personne et venant transcender l’espace et le temps, sans qu’on puisse imaginer une raison ou un mécanisme causal.
Par la suite, Jung va avoir sa vie durant des échanges fructueux sur cette notion avec Wolfgang PAULI (prix Nobel de physique quantique), car elle pose un défi à la notion de causalité*.
Dans le roman, Baptiste, va traverser des moments de doute, et les synchronicités vont jouer un rôle important dans sa transformation. Elles le sidèrent et vont résonner profondément en lui. En lien étroit avec son intuition, plus il va les accepter et ouvrir son esprit, plus elles vont se manifester. Son intuition va ainsi s’ouvrir davantage.
COMMENT ça MARCHE ?
Dés qu’un Événement physique extérieur (la colombe qui s’envole) survient au moment/dans la continuité d’un Événement psychique intérieur (la pensée de Jung, sous la forme d’une interrogation), sans qu’on puisse imaginer une raison ou un mécanisme de causalité évident, alors on a affaire à une synchronicité.
Jung la distingue de la coïncidence, simple concurrence de deux événements (deux amis qui se rencontrent fortuitement lors d’un concert, par exemple). Il y a quelque chose d’intime dans la synchronicité. On peut en faire une interprétation symbolique, tout comme on peut le faire pour les rêves, et nous sommes les seuls à pouvoir leur donner du sens.
À QUOI ÇA SERT ?
La synchronicité peut servir à orienter les choix de vie qui se présentent à nous dans notre existence. Elle peut donc devenir un Outil de décision des choix d’orientation, tout comme le ‘Yi King‘, élément fondamental dans le taoïsme, le livre des mutations, qui est basé sur le principe synchronistique et non pas sur celui de la causalité. Pour JUNG, le mot oriental pour ce qu’il appelle « synchronicité » est « Tao ». Il se réfère à des évènements où il se passe des choses dans la réalité externe qui sont en correspondance significative avec une expérience interne.
*« Tout ce qui naît, naît nécessairement d’une cause », proclame Platon (env. 428-347 av. J.-C.), et dans ce rapport du « tout » à la « cause » implicitement posé par le philosophe, se fonde le principe de causalité.
Pour aller plus loin :
JUNG C.G. La Synchronicité, principe de relations acausales, in Synchronicity et Paracelsica, Paris, Albin Michel, 1988
HOPCKE Robert, Il n’y a pas de hasards, Pocket Évolution, 2007
FRITJOF CAPRA, Le Tao de la physique, Éd. Sand, 2004
HALEVY Marc, Le Taoïsme. Eyrolles, 2009
E. DESCHAMPS Jacques, ABC du Tao. Grancher, 2010
WATTS Alan, La Philosophie du Tao, Éd. du Rocher, 2000
JULLIEN François, Traité de l’Efficacité, Le Livre de Poche, 2011
CAILLIAU Hesna, Le paradoxe du poisson rouge, Saint-Simon, 2015
DEEPAK Chopra, Le Livre des Coïncidences, Dunod, 2004
TOLLE Eckhart, Le Pouvoir du Moment Présent, J’ai lu, 2000
J. D. JAVARY, Yin/Yang, La Dynamique du Monde, Albin Michel, 2018
VEZINA, Jean-François, Les Hasards Nécessaires, Pocket, 2001
GROZDANOVITCH Denis, La Puissance Discrète du Hasard, Denoël, 2013
DARCHE Claude, Développer son Intuition, Eyrolles, 2009
ANDRÉ Christophe, Méditer Jour Après Jour, L’Iconoclaste, 2011
SINOUÉ Gilbert, Le Petit Livre des Grandes Coïncidences, Poche, 2015
LEVALOIS Patrice, BOUBLIL Daniel, VAN EERSEL Patrice, Le Jeu du Tao, Comment devenir le héros de sa propre légende, Albin Michel, 2004 (contenant le Yi King